vendredi 2 août 2013

Pourquoi ce nouveau tracé pour TransCanada


Le pipeline de TransCanada en trois questions

Mise à jour le jeudi 1 août 2013 à 17 h 54 HAE
source web http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Economie/2013/08/01/010-pipeline-transcanada-experts.shtml




Le tracé du projet de TransCanada dans l'est du pays.Le tracé du projet de TransCanada dans l'est du pays.
Le projet de pipeline de TransCanada sera-t-il profitable aux Canadiens? Au Québec? Sinon, la province a-t-elle un droit de veto? Les pipelines sont-ils plus sécuritaires que les trains? Les spécialistes analysent le dossier.
1.  Le projet rendrait-il plus sécuritaire le transport de pétrole?
Si l'on pose la question aux compagnies de pipeline, elles répondront que les pipelines sont plus sécuritaires, croit Steven Guilbeault, le directeur d'Équiterre. Mais si on la pose aux compagnies ferroviaires, elles diront que le train est plus sûr, ajoute-t-il. « L'agence internationale de l'énergie, qui est un acteur un peu plus neutre [...] dit qu'il y a plus d'accidents en train qu'en pipeline, mais les accidents en pipeline déversent beaucoup plus de pétrole », nuance l'écologiste.
« Tous les trois ans, Enbridge a l'équivalent d'une tragédie du Lac-Mégantic en termes de déversement pétrolier. »— Steven Guilbeault
Le spécialiste des politiques énergétiques et professeur aux HEC Pierre-Olivier Pineau fait pour sa part valoir que le Québec dispose déjà de pipelines sur son territoire. « On reçoit du pétrole à Montréal du Maine [et son transport] a toujours été sécuritaire. On a un pipeline récemment ouvert entre Lévis et Montréal qui achemine des produits pétroliers raffinés de Québec à Montréal. Encore une fois, c'est opéré de manière sécuritaire ».
M. Pineau dit tout de même que le transport de pétrole comporte des risques. « On peut émettre des doutes et il faut faire des pressions pour que les compagnies soient tenues responsables ».
2.  À qui le projet profitera-t-il?
Ottawa croit que le projet est une bonne nouvelle pour l'économie canadienne. Il permettra « de traiter beaucoup plus de pétrole canadien à des prix qui pourraient être plus bas », en plus d'améliorer la sécurité énergétique du pays et « de rendre notre pays moins dépendant du pétrole étranger », fait valoir le ministre des Ressources naturelles, Joe Oliver.
Le premier ministre du Nouveau-Brunswick, David Alward, estime qu'il permettra la création d'emplois et de « de rebâtir les bases » de l'économie de la province.
Mais au Québec, Steven Guilbeault ne voit pas beaucoup d'avantages pour la province. « Il faut comprendre que 70 % des sables bitumineux n'appartiennent plus aux Canadiens. Il appartient à des intérêts étrangers », dit le directeur d'Équiterre qui cite la Chine, l'Angleterre, les Pays-Bas et la France.
« Ce projet-là, il n'est pas la sécurité énergétique de l'est du Canada. Il n'est pas pour qu'on paye notre essence moins cher ici. Ce pétrole-là, il vise l'exportation. On veut l'exporter. Pourquoi? Parce que les gens à qui il appartient disent : nous, on veut avoir accès à notre pétrole ».
Selon M. Guilbeault, le Québec assumera tous les risques du passage du pipeline sur son territoire, mais en tirera très peu de bénéfices.
Pierre-Olivier Pineau juge pour sa part que pour le Canada dans son ensemble, « il y a des bénéfices économiques, mais qui restent très marginaux ».
Toutefois pour l'Alberta, qui compte beaucoup sur la croissance de sa production de pétrole, c'est un projet très important, explique-t-il, dans un contexte ou d'autres projets de pipeline (KeyStone-XL et Northern Gateway) connaissent des difficultés.
« L'Alberta doit augmenter sa capacité de faire sortir le pétrole de la province. »— Pierre-Olivier Pineau
« Si on prend la perspective québécoise, c'est très difficile de voir, à court, moyen et long termes, quels sont les bénéfices pour le Québec. Peut-être que ce serait un bénéfice pour pouvoir négocier d'autres choses », spécule-t-il.
3.  Le Québec pourrait-il s'opposer?
« Techniquement parlant, le Québec ne pourrait pas s'opposer au projet parce que c'est un pipeline qui va traverser le Canada. Donc il est de responsabilité fédérale », expose le spécialiste des politiques énergétiques Pierre-Olivier Pineau.
Si l'office national de l'Énergie - l'équivalent fédéral de la Régie de l'Énergie au Québec - approuve le projet, TransCanada pourra aller de l'avant, dit le professeur aux HEC.
Mais la question ne serait pas pour autant si simple, advenant une opposition de Québec. M. Pineau cite l'exemple du projet de pipeline Northern Gateway, en Colombie-Britannique, qui avait reçu l'approbation fédérale, mais était confronté à une opposition de la province. « Northern Gateway ne veut pas aller à l'encontre de la volonté populaire de la Colombie-Britannique », explique Pierre-Olivier Pineau.
« Je pense que TransCanada, sans un appui du Québec et du gouvernement - même si c'est un appui informel et théorique - n'irait pas de l'avant pour ne pas œuvrer dans un environnement hostile. »— Pierre-Olivier Pineau

Le projet de TransCanada vu par les Maritimes..


TransCanada va de l'avant avec son oléoduc vers l'est du pays

Mise à jour le jeudi 1 août 2013 à 18 h 09 HAE



L'entreprise TransCanada annonce qu'elle va poursuivre son projet d'oléoduc qui doit transporter du pétrole de l'Ouest canadien jusqu'à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, en passant par le Québec.
TransCanada explique que son appel de soumissions exécutoires pour l'utilisation du futur oléoduc Énergie Est a donné lieu à des contrats pour le transport d'environ 900 000 barils de pétrole par jour.
Le pétrole sera livré à Montréal, à Québec et à Saint-Jean.
En chiffres :
  • Le coût estimé du projet : 12 milliards de dollars.
  • Capacité projetée de l'oléoduc : environ 1,1 million de barils par jour
  • Mise en service : fin de 2017, avec livraison au Québec
  • Livraison au Nouveau-Brunswick : 2018
TransCanada prévoit convertir une section de 3000 kilomètres de son gazoduc pour le transport de pétrole. D'autres tronçons seront construits en Alberta, en Saskatchewan, au Manitoba, en Ontario, au Québec et au Nouveau-Brunswick pour compléter l'oléoduc. L'infrastructure aboutira au terminal Canaport, à Saint-Jean, où du pétrole pourra être expédié à l'étranger à bord de pétroliers.
Le projet Énergie Est doit encore recevoir l'approbation de l'Office national de l'énergie. Entre-temps, le ministre des Ressources naturelles, Joe Oliver, se réjouit de la confirmation du projet. « Des initiatives comme celle-ci permettraient aux raffineries canadiennes de traiter beaucoup plus de pétrole canadien à des prix qui pourraient être plus bas, d'améliorer la sécurité énergétique du Canada et de rendre notre pays moins dépendant du pétrole étranger », souligne M. Oliver.
Le premier ministre du Nouveau-Brunswick, David Alward, applaudit aussi le projet. « Ensemble, nous saisissons une occasion sans précédent qui nous permettra de créer des emplois pour nos travailleurs, de rebâtir les bases de l'économie de nos communautés et de financer les programmes sociaux, d'éducation et de santé que nos familles méritent », affirme M. Alward.

TransCanada ouvre son projet de pipeline Énergie Est


Énergie Est - TransCanada va de l’avant

L’entreprise veut construire 1400 km de pipeline au Québec pour y transporter 1,1 million de barils de brut par jour

source web http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/384170/transcanada-veut-batir-un-pipeline-qui-traversera-le-quebec
TransCanada pilote aussi l’imposant projet Keystone XL, qui vise à faire couler du pétrole de l’Alberta jusqu’aux raffineries du Texas.
Photo : La Presse canadienne (photo) CP/AP, Grand Forks Herald, Eric HyldenTransCanada pilote aussi l’imposant projet Keystone XL, qui vise à faire couler du pétrole de l’Alberta jusqu’aux raffineries du Texas.
Pour voir la carte du projet de TransCanada (pdf)
Appuyée par le gouvernement Harper, l’entreprise TransCanada a l’intention de faire couler chaque jour plus d’un million de barils de pétrole brut de l’Ouest canadien à travers le Québec grâce à la construction d’un nouveau pipeline. Si tout se déroule selon la volonté du lobby pétrolier, 1,4 million de barils de brut pourraient voyager chaque jour dans des oléoducs situés en sol québécois d’ici quatre ans.
 
L’entreprise de Calgary a donc confirmé jeudi qu’elle ira de l’avant avec son « Oléoduc Énergie Est », un projet qui permettra de transporter davantage de pétrole que le controversé pipeline Keystone XL, lui aussi développé par TransCanada. Dans le cas du pipeline qui passera en sol québécois, la multinationale souhaite lui donner une capacité quotidienne de 1,1 million de barils, soit près de 300 000 barils de plus que le projet qui n’a toujours pas été approuvé par le président américain Barack Obama.
 
Si on ajoute à cela le pétrole que souhaite acheminer à Montréal la pétrolière Enbridge grâce à son projet d’inversion de la ligne 9B, ce sont pas moins de 1,4 million de barils de pétrole de l’Ouest qui couleront vers le Québec d’ici quatre ans.
 
Pour réaliser son projet de 12 milliards de dollars, TransCanada convertira en oléoduc un gazoduc de 3000 kilomètres qui va de l’Alberta à l’Ontario. Un nouveau pipeline de plus de 1400 kilomètres sera construit pour relier le Sud ontarien à la raffinerie de Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick. La vaste majorité de l’infrastructure à construire se trouve en sol québécois. Au total, l’oléoduc implanté au Québec parcourrait environ 1000 kilomètres et devrait entrer en service dès la fin de 2017.
 
Selon le tracé préliminaire, le pipeline longera la rive nord du Saint-Laurent, en passant par Trois-Rivières et Donnacona. Il doit par la suite passer sous le lit du fleuve avant de poursuivre sa route jusqu’à Lévis. Là, un terminal permettrait de charger des pétroliers qui permettraient l’exportation du brut albertain. L’oléoduc se prolongera sur la rive sud jusque dans le Bas-Saint-Laurent, avant de bifurquer pour suivre grosso modo la route 185 et se rendre à Saint-Jean au Nouveau-Brunswick. La raffinerie d’Irving a d’ailleurs annoncé jeudi la construction d’un terminal pour pétroliers qui permettra d’exporter du brut par navires.
 
Vantant son projet de transport d’énergie fossile, Russ Girling, président et chef de la direction de TransCanada, a parlé d’« une occasion historique d’acheminer les ressources pétrolières de l’Ouest canadien aux consommateurs de l’est du Canada ». Mais il a du même souffle ajouté que ce projet ne doit pas être le seul, puisque l’industrie pétrolière a de plus en plus besoin de débouchés pour sa production croissante. C’est d’ailleurs le manque de pipelines qui a fait bondir le transport par train au cours des cinq dernières années. Et selon les données de l’Office national de l’énergie, la production totale canadienne doit atteindre six millions de barils par jour d’ici 20 ans. Pas moins de 85 % de ce pétrole sera tiré des sables bitumineux, réputés très polluants.
 
TransCanada entend bien plaider sa cause auprès du gouvernement du Québec. Elle a inscrit neuf lobbyistes et deux lobbyistes-conseils au registre du Québec. La multinationale dit aussi vouloir mener des études environnementales « poussées » avant d’aller de l’avant. Sur son site Web, elle explique toutefois que les pipelines sont sécuritaires, mais aussi pourquoi le pétrole est « si important » dans nos vies.
 
Ottawa applaudit
 
Sans surprise, le gouvernement Harper s’est réjoui de l’annonce de TransCanada. « Des initiatives comme celle-ci permettraient aux raffineries canadiennes de traiter beaucoup plus de pétrole canadien à des prix qui pourraient être plus bas, d’améliorer la sécurité énergétique du Canada et de rendre notre pays moins dépendant du pétrole étranger », a affirmé le ministre des Ressources naturelles Joe Oliver, par voie de communiqué. M. Oliver, qui a déjà qualifié les opposants aux projets de pipelines de « radicaux » qui veulent ramener le Canada au « Moyen Âge », a vanté les démarches du gouvernement visant à raccourcir l’évaluation environnementale de tels projets.
 
C’est l’Office national de l’énergie qui devra donner son aval à TransCanada. Dans le cadre de l’évaluation du projet d’inversion du pipeline 9B d’Enbridge, l’organisme a formulé des exigences strictes à ceux qui voulaient participer aux audiences publiques. Ils ont ainsi dû démontrer la « pertinence » de leur éventuelle intervention et éviter d’aborder la question des impacts environnementaux des sables bitumineux. Par ailleurs, un représentant de l’Office a affirmé qu’une fuite dans un pipeline ne constitue pas en soit une « catastrophe » environnementale.
 
Québec consultera
 
Le gouvernement Marois a été avare de commentaires jeudi. Le ministre Yves-François Blanchet n’était pas disponible pour discuter de l’annonce. À son cabinet, on a toutefois indiqué qu’une « consultation » sera menée concernant la construction de l’oléoduc en sol québécois, un projet de compétence fédérale. On n’a toutefois pas précisé quelle forme pourrait prendre la démarche ni quand celle-ci sera annoncée.
 
Pauline Marois a déjà manifesté son ouverture au projet de TransCanada. En février dernier, elle a même annoncé la formation d’un comité de travail avec le Nouveau-Brunswick pour étudier cet important pipeline pétrolier. Selon le discours du Parti québécois, l’arrivée de pétrole de l’Ouest canadien n’est pas incompatible avec la volonté de réduire les émissions de gaz à effet de serre du Québec ainsi que notre dépendance aux hydrocarbures.
 
Le coordonnateur d’Équiterre, Steven Guilbeault, n’en est pas convaincu. « Si on investit dans les infrastructures et que Québec se fait complice de cela, ce n’est pas vrai que dans quelques années, on va dire qu’on va réduire notre dépendance au pétrole. Les acteurs économiques vont vouloir rentabiliser leurs investissements, a-t-il fait valoir au Devoir. On ne croit pas que ce projet soit dans l’intérêt des Québécois, a-t-il ajouté. Ce projet n’est pas conçu pour assurer la sécurité énergétique de l’est du Canada, mais vise plutôt l’exportation de pétrole. Ce n’est pas un hasard si Irving a annoncé jeudi la construction d’un terminal pour pétroliers à Saint-Jean. Avec ce projet, le Québec deviendra une voie de passage pour le pétrole de l’Ouest. Il assumera tous les risques avec des bénéfices économiques très faibles. »