mercredi 16 novembre 2011

Trailbreaker et Keystone XL : même projet bitumineux

Publié le 16 novembre 2011 à 05h00 | Mis à jour à 05h00

Le Québec est-il en danger avec un projet Keystone XL retardé ?!


L'une des stations de pompage de Montréal Pipe-Lines.... (photo archives La Voix de l'Est)

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L'une des stations de pompage de Montréal Pipe-Lines.

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La Voix de l'Est

Le projet pipelinier controversé Keystone XL vient de subir un échec médiatique, avec la décision du Département d'État américain de demander un nouveau tracé pour éviter tout risque de contamination d'une zone naturelle écologique fragile et protégée. Cette belle victoire de plusieurs groupes de citoyens et d'environnementalistes américains et canadiens met-elle en danger une partie du Québec?! Il est bon de rappeler que depuis 2008, un autre projet pipelinier, nommé Trailbreaker, demeure le concurrent direct du projet Keystone XL, dans l'objectif de relier l'Alberta à la côte Est américaine.

Des Québécois fêteront sans aucun doute la défaite de Transcanada inc. pour le retard imposé par une administration Obama soucieuse des résultats électoraux de 2012. Doit-on pour autant oublier Trailbreaker qui ferait passer du pétrole «sale» bitumineux albertain dans les sous-sol du Québec... Dernièrement, la compagnie pipelinière Montréal Pipes-Lines Ltée (MPL) présentait une requête de rejet sur une décision juridique du Tribunal administratif du Québec (TAQ) auprès de la Cour d'appel du Québec. Le but véritable de cette requête est de maintenir une autorisation de la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) pour continuer le processus de construire une station de pompage pétrolière en pleine campagne à Dunham. Ce projet est lié au passage de pétrole bitumineux albertain au Québec, passant par Montréal vers le port pétrolier de Portland dans le Maine. Parallèlement, Montréal Pipe-Lines cherche à garder ce contrat retardé depuis 2008 par des citoyens de Dunham, en voulant casser le jugement du TAQ qui lui imposerait une obligation de présenter en bonne et due forme un nouveau dossier sécuritaire. La vraie problématique demeure toujours le risque réel d'une pollution et d'une contamination de zones aquifères et naturelles québécoises.

Les Québécois savent-ils que Trailbreaker avance discrètement mais sûrement vers sa réalisation, soit le transport du même sable bitumineux tant décrié aux États-Unis? Savez-vous que Suncor, propriétaire de la dernière raffinerie de Montréal, a déjà négocié avec la pipelinière controversée Enbridge inc. une inversion de son oléoduc ligne 9 entre Sarnia (Ontario) et sa raffinerie montréalaise dans ce but. Parallèlement, Pipe-Lines Montréal cherche à casser le jugement du TAQ qui lui imposerait un retour devant la CPTAQ avec obligation de présenter en bonne et due forme un nouveau dossier sécuritaire, à propos de sa future station de pompage à Dunham. Si pour elle c'est la course financière contre la montre, la vraie problématique demeure toujours le risque réel d'une pollution et d'une contamination de zones aquifères et naturelles québécoises.

Mais que peut faire un groupe de citoyens locaux, comme le Comité pour l'Environnement de Dunham (CEDunham), sauf défendre difficilement son droit de demander des comptes à des pétrolières de plus en plus enfermées dans un mutisme. Quelle contradiction environnementale avec nos voisins américains qui réussissent à changer un projet de construction d'un oléoduc neuf et moderne, alors qu'au Québec on parle peu d'un vieux pipeline construit en 1950 toujours fonctionnel.

Que penser de cette compagnie qui vient de nettoyer et vider son oléoduc à l'azote cet été, en prévision officieuse «d'un nouveau marché indéfini» sans nommer Trailbreaker. Que doit-on penser quand Suncor déclare avoir un «plan B» de transfert vers la côte Est, après le retard de Keystone XL. Beaucoup de compagnies pétrolières occidentales poussent au développement de nouveaux gisements pétrolifères en Alberta face à la pression énergétique et la concurrence constante d'une Chine puissante et bien financée. Alors, doit-on avoir un Keystone XL neuf aux États? Un oléoduc de 1950 au Québec? Ou finalement, au mieux, interdire les deux?

Laurent Busseau

citoyen de Dunham

co-fondateur du CEDunham

photo Archives La Voix de l'est

L'une des stations de pompage de Montréal Pipe-Lines.

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