vendredi 27 août 2010

Un rapport de Statistique Canada sur les raffineries du Québec

Pétrole: le Québec dépend d'abord de... l'Algérie

source web :http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/294754/petrole-le-quebec-depend-d-abord-de-l-algerie

Environ 40 % du pétrole que les raffineries québécoises ont importé dans les premiers mois de l’année est arrivé par le fleuve dans des navires semblables à celui-ci. Et lorsque Shell démontera la sienne sous peu, certains de ces bateaux contiendront non plus du pétrole, mais de l’essence raffinée ailleurs.
Au cours des cinq premiers mois de 2010, les raffineries du Québec ont importé plus de pétrole irakien que de pétrole américain. Et n'ont reçu absolument rien en provenance des sables bitumineux de l'Alberta, comparativement à quelques gouttes en 2009.

Le rapport, hélas, a été publié mercredi matin dans l'indifférence la plus totale. Avec un titre comme «Approvisionnement et utilisation des produits pétroliers», avouons que Statistique Canada ne comptait pas émouvoir les masses. Mais pour quiconque s'intéresse ne serait-ce que minimalement à la provenance des hydrocarbures que consomme le Québec, la page 44 — soyons précis — vaut le détour.

Ainsi, on apprend que les raffineries québécoises ont fait venir un peu plus de 60 millions de barils de pétrole de janvier à mai 2010, l'équivalent de 9,6 milliards de litres. C'est une baisse de 5 % par rapport à la même période un an plus tôt. (Même si les données ont été publiées mercredi, les données les plus récentes sont du mois de mai.)

Environ 15 % de cela vient du forage dans les Maritimes. Mais la très grande partie — 85 % — est arrivée de l'étranger. Qui est le principal fournisseur? L'Arabie saoudite? L'Iran? Essayez plutôt l'Algérie, dont l'or noir a représenté 28 % de ce qu'ont importé les trois raffineries du Québec pour alimenter le réseau de stations d'essence, les clients de carburant d'avion et les acheteurs de mazout à chauffage.

Au deuxième rang des fournisseurs étrangers, selon les données de l'agence fédérale, figure le Royaume-Uni, à 20,7 %, suivi du Mexique (8,8 %), de la Norvège (4,6 %) et du Nigéria (3,7 %). L'Irak (0,6 %) arrive tout juste devant les États-Unis (0,5 %). La catégorie «autres pays» représente 29,5 %, mais Statistique Canada ne les ventile pas.

La tuyauterie

Les trois raffineries québécoises sont celles de Shell à Montréal-Est, celle de Suncor juste à côté et celle qu'exploite Ultramar à Saint-Romuald. Par exemple, celle de Shell, qui sera vraisemblablement déconstruite et transformée en simple terminal de carburants, alimente les stations du Québec, des Maritimes et de l'est de l'Ontario.

La raffinerie d'Ultramar reçoit tout son pétrole par bateau. Mais Shell et Suncor — qui a hérité des installations de Petro-Canada lorsqu'elle a acheté la compagnie pour 17 milliards en 2009 — reçoivent leur pétrole brut par un pipeline souterrain de 380 kilomètres qui arrive de Portland, dans l'État du Maine.

Le pétrole qu'il contient, toutefois, n'est pas américain. Il arrive de l'étranger à bord de navires qui accostent à Portland pour y décharger leur cargaison. Le pétrole est ensuite introduit dans le tuyau et il arrive à Montréal en aussi peu que 36 heures, à une vitesse de 11 km/h.

Montréal compte un autre pipeline, qui sort au lieu d'entrer. C'est le «Line 9» de la société albertaine Enbridge, qui pousse du pétrole brut depuis Montréal jusqu'aux raffineries de Sarnia, en Ontario.

Jusque dans les années 90, la ligne no 9 coulait en sens inverse. Mais la société albertaine Suncor, pour ne nommer que celle-là, a récemment affirmé sans gêne qu'elle rêve du jour où elle serait à nouveau inversée pour que son pétrole des sables bitumineux coule de Fort McMurray jusqu'à Montréal, et de Montréal jusqu'à Portland pour ensuite être acheminé ailleurs.

Malgré le pétrole albertain, dans son ensemble, l'industrie canadienne du raffinage importe encore beaucoup, indique le rapport de Statistique Canada. «Les importations de pétrole brut ont représenté 48,7 % des besoins des raffineries canadiennes. Les sources de l'OPEP — l'Algérie, l'Arabie saoudite et l'Irak en tête — ont répondu à environ 42,4 % de ce besoin. La Norvège et le Royaume-Uni ont fourni pour leur part 21,6 % du pétrole brut d'origine étrangère.»

L'Ontario, par exemple, ne reçoit pratiquement rien des pays de l'OPEP, contrairement au Québec. Cependant, son industrie du raffinage compte beaucoup sur le pétrole de l'Ouest, trois fois plus volumineux que ce qu'il importe. Autrement dit, presque tout arrive par pipeline.

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