mercredi 18 août 2010

Réponse à Guy Robitaille de Pipe-Lines Montréal

Publié le 17 août 2010 à 08h55 | Mis à jour le 17 août 2010 à 08h55

Réponse à Guy Robitaille, de Pipe-lines Montréal

La Voix de l'Est

Je veux bien que M. Robitaille défende sa compagnie, mais il y a des affirmations rapportées dans votre édition d'hier par le journaliste Karim Benessaieh, de La Presse, qui méritent quelques commentaires.

Sur les rencontres avec les citoyens: des rencontres de citoyens avec Pipe-lines Montréal à Dunham, il y en a eu deux: une première en août 2008 lors de la présentation du projet et une autre début 2010. La deuxième rencontre a eu lieu à l'hôtel de ville et les questions du public n'étaient pas admises. Seulement les journalistes pouvaient poser des questions après la rencontre. À cette même réunion, on avait limité le nombre de participants du comité pour l'environnement de Dunham à deux personnes. Il ressort de ces deux rencontres que nos questions n'ont reçu que des réponses imprécises.

Sur l'inversion du flot de pétrole: «Prenez un tuyau d'arrosage et inversez l'eau, qu'est-ce qui arrive?» Peut-on rappeler que le pétrole brut est une matière abrasive, corrosive et ne coulant pas comme de l'eau. L'usure à l'intérieur d'un oléoduc après 60 ans d'usage et possédant des centaines de coudes et de valves ne se compare pas avec un boyau d'arrosage.

Sur la pression dans l'oléoduc: «Les gens disent qu'il y aurait surpression...» Nous, au Comité pour l'environnement de Dunham, on ne dit pas qu'il y aura de la surpression, c'est-à-dire au-delà de la capacité nominale de l'oléoduc, mais bien une augmentation de la pression et du débit lors de l'inversion. Notre affirmation a été retenue lors de la présentation faite par Pipe-lines Montréal à Dunham en août 2008. Par la suite, la compagnie a mentionné que la pression resterait à l'intérieur des normes. Il nous paraît clair que si on rajoute une station de pompage à Dunham, c'est pour faire franchir le pétrole au-dessus du mont Sutton. On en conclut qu'il y aura une augmentation de pression entre la station de pompage et le mont Sutton. Sinon, pourquoi faire une nouvelle station de pompage? Si notre interprétation est erronée selon M. Robitaille, nous l'invitons à venir nous expliquer clairement la situation, c'est-à-dire la pression et le débit avant l'inversion et après l'inversion à un point donné du système, soit près de la station de pompage prévue à Dunham.

Sur Trailbreaker: «Le projet de Pipe-lines Montréal n'est pas Trailbreaker (...) mais M. Robitaille admet quand même que son projet ne peut aller de l'avant sans le projet Trailbreaker». C'est ce que nous disons. Ce projet fait partie d'un ensemble, c'est le dernier jalon de l'inversion du pétrole de l'Alberta vers Portand, Maine aux États-Unis.

Sur l'entretien de l'oléoduc de 60 ans: «Soixante ans, ça veut dire quoi pour un pipeline?» Ça veut dire que l'oléoduc appartenant à Enbridge qui s'est fracturé le 27 juillet 2010 avait été installé en 1969 et a laissé échapper plus de 3 millions de litres de pétrole brut de l'Alberta avant de pouvoir arrêter la fuite. Pourtant, cet oléoduc était plus récent de 19 ans que l'oléoduc qui traverse actuellement le Québec de Montréal à Mansonville et il devait rencontrer les mêmes normes d'entretien. Alors, s'inquiète-t-on pour rien?

Sur le mode de transport le plus sûr: «C'est un système très simple, bien protégé, bien entretenu». Nous sommes d'accord qu'un oléoduc est le système le plus sécuritaire pour transporter de grandes quantités de pétrole sur de grandes distances terrestres. Encore faut-il qu'il soit d'une technologie récente et parfaitement entretenu. Cependant, la comparaison avec le transport aérien n'est pas pertinente. Si les avions tombaient en panne au rythme des accidents d'oléoducs, les gens ne pourraient plus prendre l'avion! Car il faut savoir qu'entre 1999 et 2008, pour la seule compagnie Enbridge, il s'est produit 610 fuites de pétrole qui ont laissé échapper plus de 21 millions de litres de pétrole dans l'environnement. Cette quantité de pétrole perdue dans l'environnement représente environ la moitié du déversement causé par l'Exxon Valdez en Alaska en 1988. (Source: The Polaris Institute)

Jean Binette

membre du Comité pour l'environnement de Dunham

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